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Je suis allée pour la première fois à Nice en vacances, avec une tante.
Mes parents ne partaient pas de vacances, car ils n'en avaient pas les moyens. On m'envoyait donc chez mes tantes et oncles. J'allais régulièrement en vacances à La Tranche-sur-mer, en Vendée. Je suis allée d'abord chez mon oncle et ma tante, côté maternel. Ils y avaient fait construire une maison. Puis je suis allée chez les parents de ma copine qui avaient, eux aussi, fait construire une maison. A la Tranche, on était juste avant le phare et il suffisait de passer par les dunes pour aller à la plage. |
![]() La Tranche-sur-mer, on a 10 ans |
J'étais au lycée à l'époque où les filles ont commencé à porter le pantalon. Mais lorsque nous passions la porte du lycée, nous étions obligées par le règlement, d'enfiler une jupe par dessus le pantalon.
Les lycées n'étaient pas mixtes comme aujourd'hui. C'était exactement comme dans le film "Diabolo menthe", on portait la blouse bise une semaine, et la blouse bleue l'autre semaine, et on avait nos prénoms et noms brodés sur la poche haute de notre blouse. J'étais une bonne élève. Particulièrement bonne dans les langues étrangères, et pas du tout dans les maths. |
![]() Juin 1962 |
En 1962, j'ai 14 ans et j'allais au lycée, alors que la France était en pleine guerre d'Algérie. Je me souviens d'une chose : on me disait de ne pas passer dans telle ou telle rue sur le chemin de la maison, là où il y avait des "cafés d'Algériens". Il y avait des bombes, des attentats à cette époque à Paris.
Je me souviens aussi, une fille a débarqué en plein milieu d'année scolaire dans ma classe. Nicole, elle venait d'Algérie. "Pied noir", on disait. Elle est devenue ma meilleure copine de lycée.
J'ai quatorze ans, ma mère est très inquiète sur mon choix professionnel : je me suis mis dans la tête de devenir archéologue. En effet, à cette époque où j'étudiais au lycée l'Histoire de l'Egypte, de la Grèce, puis de Rome, j'étais passionnée par l'Antiquité.
Ma mère me conduit chez un psychologue, qui, après m'avoir fait passer des tests traditionnels, les "Rorcha", toutes ces grosses taches d'encre dont je me souviens encore, lui dit que ce métier est un métier comme les autres, et qu'il me suffirait, après le Bac, de suivre les cours de l'école du Louvre. J'étais ravie. Je m'imaginais déjà voyageant en Egypte et ne revenir en France que pour de brefs moments. Je pensais que ce métier n'était fait que de voyages.
En 1962 et en 1963, je suis allée en vacances, en Normandie, à Villerville. Parce que ma mère connaissait une femme qui habitait dans l'immeuble de ma grand-mère, et qui y allait régulièrement, et qui l'avait convaincue.
La première fois j'y suis allée seule avec ma mère. On a loué une petite maison de ville. La deuxième fois mon père est venu avec nous. J'y retrouvais une bande de copains et copines. J'avais 15 ans. C'est la dernière fois que j'ai vécu quelque chose avec ma mère vivante.
Tout se passa très bien dans ma vie jusqu'en 1963 quand un événement bouleversa ma vie d'adolescente.
Un matin ma mère ne se réveilla pas. C'était le matin de son quarante septième anniversaire. La veille, elle se sentait grippée, et dans la nuit, je m'étais réveillée en l'entendant tousser, mais je ne me suis pas alertée par ses crachats sanguinolents, j'étais encore trop jeune pour avoir un réflexe face à ces alertes du corps.
On est venu me chercher au lycée. On me plaignit. Mon père pleurait.
J'avais quinze ans. Je ne réalisais pas ce qui arrivait.
Il y a eu un grand enterrement, où j'étais habillée de noir, et où tous les gens que nous connaissions me présentaient leurs condoléances, à moi aussi, debout aux côtés de mon père. Leur compassion me fit pleurer plus que la perte de ma mère, parce que l'événement sur le moment n'avait pas pris de signification pour moi.
Pendant une année entière. Je ne lui pardonnerai jamais.
Je n'étais plus une jeune fille comme les autres, j'étais une pauvre petite fille qui avait perdu sa maman trop vite.
Et je me trouvais laide dans ces habits noirs, j'étais triste.
16 ansEnfin, quand j'ai eu seize ans, j'ai obtenu de mon père l'autorisation de quitter ces habits de deuil. Et je me fais couper les cheveux, chose que j'ai fait très peu de fois dans ma vie, enfin pas courts, mais mi-longs. C'est l'époque des yéyé, et je me coiffe comme France Gall. |
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Je me découvre la folie de vivre.
On est en 1964. Les Beatles viennent de surgir, et je suis folle de George Harrisson.
A ma demande, mon père accepte de m'envoyer faire un séjour linguistique en Angleterre (ma grande copine du lycée y allait également). Voyager sans ses parents à 16 ans, pour cette époque, ce n'était pas très habituel.
![]() Bon, on était bien entouré par des profs quand même. On est allé en Angleterre par le train, puis on traversait la Manche sur le gros ferry. Je vais habiter dans une famille anglaise du Sussex qui ont une fille de mon âge, Janice, et son grand frère, Manfred. Sortir de France, être libre, avec des copains, et là c'était mixte. |
![]() Dans la chambre que j'occupe en Angleterre... |
A mon retour, je ne pensais qu'à retourner en Angleterre.
J'étais folle de l'Angleterre, de tout, des gâteaux, du breakfast, et de la musique !
Et les études au lycée continuèrent.
Depuis mon enfance, nous allions régulièrement rendre visite à la famille de mon père, restée à Hersin Coupigny.
Nos vacances à la campagne...
Ma tante cultivait des fraises dans son jardin. A la mort de ma mère, mon père a continué d'autant plus à aller rendre visite à sa soeur. |
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La fille de ma tante, ma cousine, a trois ans de plus que moi et elle sort beaucoup. Elle m'emmène avec elle au bal qui avait lieu le samedi soir dans la salle des fêtes de Bruay, le village voisin. Sur fond sonore de Salvatore Adamo, ce garçon tomba amoureux de moi en une soirée. Il avait 19 ans et moi 16. Quand je revins à Paris il m'écrivait chaque semaine. Je m'étais arrangée pour recevoir ce courrier quand je savais que mon père n'était pas à la maison. Mais mon père s'en est aperçu, et là ce fut le drame. |
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Je me suis brouillée avec mon père, j'ai décidé que je ne lui parlerai plus. Nous communiquions par petits mots laissés sur la table. Je ne lui ai pas adressé la parole pendant un an !
J'en ai fait partie aussitôt. Comme le lycée n'était pas mixte, les rôles masculins devaient être tenus par les filles.
Le 25 juin 1966 je fais ma première (et unique) apparition sur scène, dans le rôle de Mathilde" de "Un Caprice", une courte pièce d'Alfred de Musset. Mathilde de Chavigny, une innocente jeune femme mariée à un libertin, un rôle d'une femme amoureuse jalouse de sa rivale.
La mère d'une amie m'avait confectionné une superbe robe à crinoline, rose, et je portais un chignon bas.
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Face à ma demande insistante d'apprendre le piano, mon père avait fini par craquer et avait acheté un piano... d'occasion. Il faut dire que ma cousine du Pas-de-Calais avait un piano chez elle et prenait des cours de piano.
Ce vieux piano d'occasion, avait deux chandeliers rustiques, et un tabouret d'époque. Je me suis fait photographier mille fois en costume de Camille (mon rôle au théâtre), assise devant ce piano. Je n'ai jamais pu réussir à en jouer, car mon père n'a jamais pensé que apprendre le piano sans un professeur était quelque chose bien impossible. |
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Ce piano était absolument désaccordé.
Mon père a fini par le casser et en faire du bois de chauffage pour le poêle.
Christiane Maison, Brigitte Richard, Françoise Villain, Francine Guegan, Claudine Soulié, Michèle Walch, Anne-Marie Petit, Marie-Josée Pidoux, Madeleine Mercier, Sylvaine Villain, Anita Redoul, Sylvie Bernard, Nicole Jouan, Chantal Hannoyer, Yolande Farion, Janine Vidal, Marie-Josèphe Poitout, Josiane Helouvry... Jacqueline, Maryvonne, Catherine, Françoise Bonval, Andrée Pouschat, Françoise Mazeyrat...
Vous avez signé cette photo de classe, qu'êtes vous devenues mes compagnes de lycée ?
Ma copine d'enfance s'est fiancée à 17 ans, s'est mariée à 18 ans, le 22 octobre 1966.
J'étais derrière, sa demoiselle d'honneur.
Elle a eu deux petites filles, a arrêté de travailler.
Quant à moi, non, je ne me suis pas mariée.
Ai-je réussi professionnellement ?
Je voulais être quelqu'un, c'est à dire quelqu'un de célèbre.
Ben non, je ne suis pas célèbre.
J'étais très proches de deux de mes cousins, Michel et Robert, les petits-fils du mari de ma marraine.
Me voilà bien entourée lors du mariage de Robert. Michel est mon cavalier.
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C'est la première fois que je pars seule Dans un Club Leo Lagrange, dans la Il y a une activité plongée sous-marine. |
Mais ça ne se passe pas très bien... Pour le baptême de plongée, après seulement un cours théorique sur la plage, décompression, vidange de masque, quelques gestes essentiels... (Qu'est ce qu'elle est lourde cette bouteille !)... On me fait descendre (accompagnée heureusement d'un moniteur) à une profondeur de 10 m. Ce qui n'est pas pensable pour quelqu'un qui n'a jamais plongé de sa vie ! Mon masque se remplit d'eau, mon détendeur ne me passe pas bien l'air de la bouteille. Je lâche l'embout de mon détendeur et je commence à avaler de l'eau. Je suis à 10 m de profondeur !!! |
![]() Regardez bien la photo Il n'y en aura pas d'autre semblable |
Le moniteur me fait remonter à la surface, mais le poids de la lourde ceinture de plombs qui me leste ne me permet pas de rester en surface, j'avale et j'avale de l'eau. Ah la sensation de noyade... on avale, on avale...
Le moniteur me déleste de ma ceinture de plombs, et de ma bouteille... Alors je nage. Oui, ça, je sais faire...
Je n'ai pas voulu rester sur ce mauvais début, et j'ai les jours suivants re-plonger. Mais il y avait toujours de l'eau qui entrait dans mon masque, et de l'air qui n'arrivait pas correctement. J'ai fini par ne plus vouloir essayer. Je n'ai plus jamais re-plongé en bouteille de ma vie.
J'ai profité de ce séjour pour visiter Monaco.
Je suis restée très copine avec les moniteurs Je suis déguisée en Marie Poppins. |
![]() En bas à droite avec un chapeau et une voilette |
Nous y allions souvent au théâtre, moi et Nicole, une autre copine du lycée. Et à la fin des spectacles, nous allions, comme beaucoup de filles de notre âge, faire signer des autographes aux acteurs dans leurs loges. Je me souviens avoir rencontré Pierre Vaneck et Claude Brasseur et de les avoir photographiés dans leur loge. J'adorais pénétrer dans l'intimité des loges.
Du coup, mes ambitions professionnelles évoluent. Je me dis que, comme j'adore les coulisses du spectacle, et rencontrer les acteurs, je pourrais très bien devenir journaliste, critique de théâtre par exemple. J'irais les voir à la sortie des représentations dans leurs loges, pour les interviewer.
En m'informant sur cette carrière, je découvre qu'il existe bien une école supérieure de journalisme à Paris, mais que ces études passaient avant tout par une bonne formation en... politique. Et moi, je détestais tout ce qui avait trait à la politique à cette époque là.
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C'était en 1964, j'ai 16 ans. Anouk Aimée interprète un personnage de femme dont le métier est script-girl. C'est en quelque sorte le second du metteur en scène. Elle vit au milieu des acteurs. Elle vit dans les coulisses. J'adore. Je décide que c'est ce métier-là que je ferai. |
Comment y arriver ? Le métier s'apprend dans une Haute école de Cinéma. Très bien, je la ferai donc.
Il me faut avoir mon Bac, et ensuite me présenter au dur concours d'entrée à l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (l'IDHEC).
Je ne suis pas devenue archéologue, parfois il m'est arrivé de le regretter. Mais mon amour des voyages existait déjà et je suis toujours passionnée par les civilisations anciennes. Ma vie aurait été toute différente, cela devait être un très beau métier. Mais il y avait une contrainte pour faire ces études : j'aurais dû, avant d'en arriver à fouiller la terre d'Egypte, passer de nombreuses années à l'école du Louvre, à étudier l'Histoire de l'Art et de la Peinture, et la Peinture cela ne me plaisait pas du tout. L'adolescence a son lot de changements d'idées et de passions, et j'en ai tourné des pages depuis.
J'ai toujours été en rupture avec l'ordre établi. Révoltée, "insoumise", une "pas comme les autres" me disait ma marraine... Elle ne comprenait pas qu'au lieu de vouloir travailler dans un bureau, l'idéal, le rêve de ces femmes qui avaient, elles, travaillé "en usine" toute leur vie, je m'étais mis dans la tête de travailler dans le spectacle, avec des horaires irréguliers, et tout ce qui entourait ce milieu de mauvaise réputation.
Aujourd'hui, je peux décider de mon sort et j'ai les moyens de solutionner mes malheurs. Je ne regrette en aucune façon mes choix. J'ai choisi, j'ai voulu, j'ai suivi ma ligne de vie.